Le renvoi du sujet après le verbe en allemand
Structure de la phrase
Dans cette leçon, nous allons passer en revue la structure des phrases
On pourrait aussi présenter les choses autrement
Il ne peut y avoir en tête de la proposition – indépendante ou principale –
qu‘un seul élément: soit le sujet, soit le complément. Le complément en
tête chasse obligatoirement le sujet dont il prend la place et le renvoie
derrière le verbe, le plus souvent à sa suite directe.
Dans le cas de la question directe, il y a simplement un vide au début de
la phrase, vide qui joue en quelque sorte le rôle de signal. On verra plus
tard que ce vide se retrouve dans l’impératif. Pour faire la différence, on
devra alors s’appuyer sur la ponctuation à l’écrit, l’intonation et le
contexte général à l’oral.
C’est peut-être pour compenser ce vide dans la formulation de la question
que le français utilise à fin d’être bien clair les formules du type Qui est-
ce qui… . Voir aussi l’anglais qui utilise l’auxiliaire to do et l’espagnol qui
commence la question écrite par un ¿
Ce renvoi du sujet après le verbe est un phénomène très général, essentiel
même dans la structure de la phrase allemande. On utilisait autrefois
volontiers le terme d’inversion.
Dès lors que la proposition indépendante ou principale commence
par un autre élément que le sujet, celui-ci se place
automatiquement après – directement après – le verbe. Il ne peut
y avoir de co-existence en tête
Il s’ensuit que la phrase allemande ne peut pas systématiquement se
calquer sur la phrase française; Quand l’Allemand dit
Petit est le jardin
le français devra dire
C’est petit qu’il est, le jardin. / Il est petit, le jardin
On remarquera dans la phrase française un certain besoin de recourir à la
virgule comme séparatif. Cette virgule que le francophone met quasi
automatiquement en place dans certaines phrases est inutile dans la
phrase allemande qui dira
Klein ist der Garten. / Klein ist er, der Garten
Cette phrase d’exemple brute, avec des mots que nous connaissons
déjà, même si la construction est correcte, n’est peut-être pas
idéale, elle ne prend sa pleine signification et sa justification que
dans un contexte explicite, avec l’accentuation voulue: reprise d’une
affirmation qui précède, habillage de mots supplémentaires, style
littéraire ou poétique
Le chanteur Heino chantait: “Blau, blau, blau blüht der Enzian…”
[1972] (Bleue, bleue, bleue est la (fleur de) la gentiane).
A comparer avec une phrase française comme:
Grande est la misère du peuple à cette époque que l’on pourrait
rendre en allemand avec la même construction:
Groß ist das Elend des Volkes in dieser Zeit.
Autres exemples:
toujours est-il que…
encore avons-nous la chance…
et puis vint le moment…
L’allemand n’a pas l’habitude de séparer par un signe de ponctuation les divers
éléments composants d’une unité logique: la proposition.
Bien entendu la disposition des mots dans la phrase n’est pas innocente: A
chaque variante correspond en principe un sens, une nuance, selon le contexte.
Herr Kohl wohnt in Hannover.
Monsieur Kohl habite à Hanovre.
n’a pas tout à fait le même sens que
In Hannover wohnt Herr Kohl.
A Hanovre habite monsieur Kohl.
Dans le premier exemple, on énonce un fait concernant monsieur Kohl.
Dans le deuxième exemple, on énonce un fait concernant la ville de
Hanovre.
En général le complément en tête
porte une insistance plus ou moins marquée (valeur démonstrative,
comparaison avec ou opposition à d’autres mots, faits, actions,
circonstances, énumération…)
rappelle un élément (un mot, un fait, une action) dont il vient d’être
question et avec lequel il établit donc un lien privilégié (connexion
entre les phrases, succession dans l’idée)
Le complément peut être un simple adverbe (lieu, temps) ou tout un
groupe nominal (complément d’objet direct, complément prépositionnel).
Er hat eine Villa. Il a une villa.
Eine Villa hat er. C’est une villa qu’il a.
Er wohnt in Paris. Il habite à Paris.
In Paris wohnt er. C’est à Paris qu’il habite.
Toutefois, cette structure tend parfois vers une certaine banalisation, dans
la mesure où on prend l’habitude par exemple (comme en français) de
placer le complément de temps en tête – soit qu’on le considère comme
particulièrement important, soit qu’on dispose là d’une façon commode en
quelque sorte de s’en débarrasser pour être plus à l’aise dans
l’assemblage des éléments restants.
De fait, l’indication du lieu est sans doute plus importante pour l’allemand
que l’indication du moment.
En tout état de cause, toute phrase, pour prendre pleinement son sens (et
être correctement interprétée et traduite), doit être considérée dans son
contexte. Certains exercices simples portant sur la construction de la
phrase n’ont donc qu’une valeur technique.
Vocabulaire
der Mantel le manteau
die Blume la fleur
die Fabrik l’usine; la fabrique
die Schule l’école
die Villa la villa
das Kind l’enfant
fotografieren photographier
blau bleu
bald bientôt
Prépositions
bei chez [on est chez quelqu’un]; près de [proximité de lieu]
in à; dans [on entre dans / on met dans / on est dans]
mit avec
zu chez [on va chez quelqu’un]; à [on va à un endroit / on situe à
un